Campagnes thématiques et métiers (synthèse)

 

Résorption de l'habitat insalubre


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Date(s)
  • 2012-2013
 


Résumé
  • Le Comité d'histoire a souhaité entreprendre en 2011 une recherche sur la politique de résorption de l'habitat insalubre (RHI), loi du 10 juillet 1970 tendant à faciliter la suppression de l'habitat insalubre. Le contexte de l’urbanisation de la France, centré sur la construction neuve laissait alors de côté le grave problème de bidonvilles en périphérie et de dépérissement du bâti ancien dans les centres-villes. La loi porte le nom du secrétaire d’État au logement Robert-André Vivien.

    A l'origine de cette initiative se trouve Isabelle Massin, inspectrice générale de l'administration du développement durable au CGEDD, qui avait été en charge de la mise en œuvre de cette politique de 1974 à 1976 en tant que déléguée du « groupe interministériel permanent », le GIP, groupe piloté par la direction de la Construction au ministère de l’Équipement. Elle souhaitait confronter son expérience passée aux politiques plus récentes de rénovation urbaine.
    Ce projet s'est engagé en partenariat avec l’Agence nationale de l’Habitat, ex-Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH), et la Délégation interministérielle pour l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans abri ou mal logées (DIHAL). Deux partenaires qui œuvrent dans la lutte contre le mal logement, l'habitat indigne.
    Deux historiens spécialistes de l’histoire urbaine française dans le second vingtième siècle ont conduit cette recherche : Marie-Claude Blanc-Chaléard, professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, historienne de l’immigration, mais auteur d’une recherche sur la politique de résorption des bidonvilles et Thibault Tellier, maître de conférences à l'université de Lille III qui a travaillé sur la politique « Habitat et vie sociale ».
    Le projet a été conçu d’emblée comme un espace d’échange et de confrontation entre les travaux de chercheurs spécialistes et les témoignages des anciens acteurs de cette politique.
    Un programme de recherche à deux échelles s’est imposé comme une évidence:
    - à l’échelle nationale où s’est construite cette politique et où elle a été conduite, selon un style centralisé et directif (on dirait « top-down » aujourd’hui)
    - à l’échelle des opérations de terrain qui est celle des pratiques et des effets concrets de la politique de RHI.
    Quatre sites ont été retenus, à la fois du fait de leur importance, et pour leur valeur exemplaire. L’Alma-Gare à Roubaix et le quartier Très-Cloîtres à Grenoble ont donné lieu à des expérimentations novatrices qui ont marqué l’histoire urbaine ; le quartier de l’île à Martigues est un peu un cas d’école et le quartier Basilique à Saint-Denis s’inscrit dans un champ de grande complexité en banlieue parisienne.
    Sur chaque site, un chercheur spécialiste devait faire la recherche historique, contacter les acteurs et guider nos travaux. Il s’agit de Janoë Vulbeau, sociologue, chargé d’études à Fors-Recherche sociale pour l’Alma-Gare, Pierre Waechter, doctorant en histoire à l’université de Grenoble 2, pour Très-Cloîtres, Nicole Girard, géographe à l’université d’Aix-Marseille, pour Martigues et Cédric David, doctorant en histoire à l’université Paris-Ouest-Nanterre, pour Saint-Denis.
    Avec cette méthode, l'ensemble de l'équipe a eu le souci de veiller à croiser une analyse réalisée par les historiens, avec la mémoire de décideurs nationaux et d'acteurs locaux qui ont pris la parole pour évoquer leurs actions et leurs visions.
    Cette recherche est donc le fruit d’un travail d’équipe à laquelle s'est adjoint l’aide d’une jeune chercheuse Clémence Léobal pour la documentation et d'Anne-Marie Fribourg, ancienne responsable du GIP, qui a pris la suite d'Isabelle Massin. Quatorze acteurs de cette politique ont aussi été interviewés (le choix en a été principalement guidé par Isabelle Massin)et une contribution écrite nous a été transmise par Jacques Jullien.

    Cette recherche a duré deux années :
    La première année a visé à expliquer ce que fut la loi Vivien, à rappeler le contexte de son élaboration et à présenter la première phase de la politique de la RHI, la « grande époque » celle entre 1970 et 1976. Elle a montré la mobilisation qui a présidé au lancement de cette politique. Un organisme interministériel, le GIP, conduit par une équipe dynamique et convaincue, dotée de moyens assez importants, a cherché à mobiliser les collectivités locales via les préfets. La politique a été particulièrement active durant six ans.
    Cette première année s’est d’abord concrétisée par un colloque intitulé : « la résorption de l’habitat insalubre : retour sur une politique publique des années 1970 », qui s’est tenu le 29 juin 2012 à Paris (en libre accès sur ce site)
    Puis, par quatre journées d’études ont été organisées par les chercheurs locaux, sur les lieux même des sites retenus. Chacune ont visé à rassembler les acteurs et anciens témoins de ces expériences autour d’une thématique choisie, afin de contribuer à l’explicitation des politiques locales de RHI, et à la compréhension de l’histoire des procédures et des pratiques d’intervention.
    -A l’Alma-Gare, le thème central était celui « des habitants comme acteurs de la rénovation urbaine ».
    -A Très-Cloîtres, ce fut la politique emblématique de Grenoble « un laboratoire urbain ? Mythes et réalités »
    -A Martigues (quartier de l’Île), « de la lutte contre l’habitat insalubre à l’aménagement d’un centre ancien ».
    -A Saint-Denis (îlot Basilique), « la RHI au secours de la rénovation d’un centre urbain de banlieue ouvrière » interrogeait l’enjeu de la rénovation pour une municipalité communiste.

    La deuxième année a cherché à montrer l'évolution de la RHI après la disparition du GIP en 1976. Les programmes lancés se sont poursuivis dans le cadre d’une politique plus globale des quartiers anciens dirigée par le fonds d’aménagement urbain (FAU) qui va avoir comme forte incidence le basculement du financement de l’habitat en 1975-1977. L’autre grand changement de cette histoire va être la décentralisation de 1982, qui prend effet en 1984. C’est la date retenue comme limite de cette étude. Avec la décentralisation, se met en place un processus de marginalisation de la politique de RHI.
    Cette deuxième année s’est achevée par un colloque le 10 décembre 2013 « résorber l’habitat insalubre 1970-1984, quels enseignements pour aujourd’hui ? » (en accès sur ce site).




Date de modification
  • 30/01/15